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Il suffit d'un malentendu
d'un mot qui n'est pas retenu
et ce corps qu'on a tant tenu
s'envole s'envole
il suffit peu si l'on y pense
et dans l'étendue tant immense
la mégapole
elle était brune et un peu forte
et quand sur nous fermée la porte
il se peut qu'il m'ait plu
de nous revoir tout nus
il se peut que je me sois dit en passant
Où est ma place dans le cosmos
et plus près
est-elle ici
et plus près
est-ce dans ce lit
Il suffit que l'on y repense
l'histoire ancienne qui n'en finit
la nouvelle à peine qui commence
et l'on se dit que ça suffit
il était tard elles étaient deux
je me suis trouvé au milieu
t'as qu'à dormir ici
alors on a dormi
il se peut que je me sois dit en passant
Où est ma place dans le cosmos
Il suffit d'une ressemblance
une carence que l'on remplit
un point commun Une attirance
un artifice qui ne suffit
Elle était belle et asiatique
son habitat microscopique
et le futon à terre
écrasait mes lombaires
il se peut que je me sois dit en passant
Où est ma place dans le cosmos
Il suffit d'un sourire osé
un regard qui semble un baiser
l'épiderme à peine effleuré
un jeu de rôle
Il suffit d'une intonation
un mot de trop Une profusion
et l'évidence de la présence
s'envole s'envole.
©Franz Alias
Elle a de jolis yeux
de jolis doigts de pied
son corps est une aire de jeux
mais j'ai cette pensée
Elle attend que je vienne
sourit dans je m'assieds
elle a fait de ma vie la sienne
mais j'ai cette pensée
Elle est comme on la rêve
et propre et parfumée
elle me dit que je suis sa sève
mais j'ai cette pensée
Mais j'ai cette pensée
que je ne peux combattre
c'est celle du macchabée
dans son amphithéâtre
Ah c'qu'on s'emmerde ici
merdissi
merdissi
tsoin
tsoin.
©Franz Alias
Depuis on voit la vie partout
et le soleil comme un cadeau
depuis la douleur se dissout
les prisons n'ont plus de barreaux
depuis la nature est si belle
plus belle encor de jour en jour
et l'on ne se sent plus rebelle
depuis que l'on a un amour
Depuis les matins sont plus tôt
et les métros plus supportables
on met des fleurs dans tous les pots
et les voisins deviennent aimables
depuis on vient voir les malades
on a du temps pour les détours
l'eau sur le corps n'est jamais froide
depuis que l'on a un amour
Depuis les jours semblent plus longs
les idées des hommes sont moins sales
on se retourne pour dire pardon
et les regrets ne font plus mal
depuis on oublie tant de peines
on met les vieux dans du velours
c'est aux enfants qu'on donne les rênes
depuis que l'on a un amour
Depuis la rancoeur n'a plus cours
on est plus fous et moins avares
on se souvient On dit bonjour
on ne dit plus qu'il est trop tard
et ces rochers qui sont nos rêves
et qu'on avait jugés trop lourds
sont des rochers que l'on soulève
depuis l'amour Depuis l'amour.
©Franz Alias
Derrière une chose l'on trouve
une cachette un coffre-fort
une émotion qui couve
une flopée de corridors
dans une coulée de rimmel
dans une métaphore
sous le tapis sous les semelles
aussi se cachent des trésors
Derrière un bourgeon le printemps
sur une épaule un réconfort
dans un regard un glissement
l'espoir dans une aurore
derrière une chose on déniche
des passeports
dans un poème un acrostiche
dans l'amour Flore.
©Franz Alias
Prendre une feuille
et un crayon
soit qu'on le veuille
ou soit que non
prendre le mot
tel qu'il arrive
le trouver beau
quoi qu'il arrive
Quitter la ville
pour la campagne
pour qu'à dix mille
on s'en éloigne
garder précieux
sous le bureau
du malheureux
mais pas de trop
Prendre un papier
et un stylo
tirer un trait
gommer les maux
et comme l'onde
nettoie la plage
créer un monde
tourner la page.
©Franz Alias